Le 15 novembre 2011, une poutre maîtresse cédait au 17, place Saint-Martin. Un an après, les copropriétaires retrouvent les lieux.
Il y a juste un an, on a frôlé la catastrophe au 17, place Saint-Martin. Peu de temps après l'achat de l'immeuble – en l'état et avant que les travaux de structure ne soient effectués en décembre – dans un des logements vacants depuis des lustres, une poutre maîtresse cède, entraînant dans sa chute le 3e étage sur le second. Un chantier d'urgence s'ouvrait pour consolider la structure et sécuriser l'environnement, notamment le commerce de cadeaux souvenirs du rez-de-chaussée.
Le chantier de rénovation confié à l'entreprise Goupy vient de se terminer. L'immeuble en pierre de taille surplombant la tour Saint-Martin côté place et le château côté cour accueillera bientôt trois appartements entièrement rénovés. Occasion pour remonter le temps. La configuration actuelle de la place Saint-Martin, hormis les aménagements de circulation plus récents, date de la seconde moitié du XIXe siècle, plus précisément de 1857, année au cours de laquelle l'église Saint-Martin fut démolie après l'écroulement survenu en 1854, à cause de la suppression d'un plancher.
Un site historique
Ce lieu de culte, élevé au XIe siècle à l'endroit du prêche de saint Martin en route pour Chartres, était devenu, à la Révolution, une halle au blé. La place Saint-Martin se résumait alors au parvis élargi de l'église, laquelle était longée, au nord, par la rue de l'Écrevisse et, au sud, par la rue appelée du Bourg Saint-Martin ou Saint-Martin, dans l'axe du portail de la Trinité. Après les modifications apportées au XVIIe siècle, l'emprise de l'église était de 50 m de longueur sur 22,50 m de largeur. Au milieu de la rue du Bourg Saint-Martin, presqu'en face du portail sud, se dressait l'auberge des « Trois Rois » (à l'emplacement des actuels nos 15 et 17) dont la cour annexe renfermant autrefois ses dépendances et toujours dénommée cour des Trois-Rois. C'est dans cette auberge, en 1523, que deux gentilshommes normands, d'Argouges et Matignon, se rencontrèrent afin de préparer l'arrivée des Anglais en Normandie sous l'impulsion du connétable de France, Charles III de Bourbon, par le truchement de Philibert de Saint-Romain. Cependant, le connétable s'était secrètement rallié à Charles Quint. Ayant eu vent du complot, les deux jeunes gens refusèrent de le servir et dénoncèrent cette alliance à l'évêque de Lisieux, lequel, en informant le grand sénéchal de Normandie, fit échouer le stratagème. En 1810, toute la rue est occupée par des commerçants dont, au n° 17, le cordonnier dénommé Deniau (lieu occupé, un siècle plus tard, par une graineterie). En 1851, le recensement fait état de quatre cabaretiers, d'un cafetier, d'un chaisier, d'un marchand de blé (la halle est en plaine activité), d'un bonnetier, d'un serrurier, d'un cordonnier (Pierre Latron) et d'un pâtissier. Lors du réalignement des maisons, des sarcophages furent trouvés, un en 1887 et deux en 1891, dans le sous-sol des nos19 et 21, témoins de l'ancien cimetière sur les vestiges duquel ce quartier fut construit.
Sources : notes de Jean-Claude Pasquier, « Dictionnaire du Vendômois » de Raoul Barré de Saint-Venant, « Notice historique sur l'église Saint-Martin de Vendôme » d'Alfred de Martonne, recensements et cadastres napoléoniens (archives départementales).
Cor. NR : Sylvie Foisset